Présentation du 'Picolario Talk':

système télémétrique pour le modélisme

par Jean Luc Delort

J'utilise depuis le printemps 2000 un petit variomètre commercialisé par "Thommys Modelbau". Je trouve les fonctionnalités de cet appareil vraiment remarquables et je vais essayer dans ces lignes de mettre en avant les arguments de ce vario par rapport à d'autres modèles disponibles dans le commerce.

Présentation

Le Picolario se veut à l'origine un système modulaire de télémétrie adaptée au modèle réduit. Il résulte de la collaboration entre "Renschler Instruments" qui est spécialisé dans des instruments de vol libre et "Thommys Modelbau". La grande expérience en planeur radio commandé de Thomas Seidel a permis d'en faire un appareil très abouti. Concrètement le système est articulé autour d'un altimètre / variomètre vocal  couplé à un émetteur 433 Mhz. Une option à compensation de vitesse est déjà disponible, d'autres développements sont prévus comme la mesure de vitesse, mesure de courant pour moteur électrique et connexion PC. Une autre option qui doit sortir sous peu est la surveillance de la qualité de la réception RC avec alarme vocale en cas de mauvaise réception!

Je l'ai acheté chez Thomas avec un Talkie Walkie 433 Mhz, il est possible de n'acheter que le Picolario et de choisir un récepteur 433 Mhz au moins cher, chez CONRAD par exemple.

Faisons ensemble le tour des caractéristiques et possibilités du bidule, nous regarderons ensuite les aspects pratiques et l'utilisation.

C'est un tout petit appareil qui est alimenté via le récepteur, soit par une voie dédiée, soit par un cordon en Y sur une voie déjà affectée au planeur. Pour le meilleur confort une voie dédiée est recommandée.

Sensibilité

environ 5 cm/sec

Résolution de la fonction altimètre

1 m/sec

Fourchette d'opération

de - 500 m à 9000 m    (de la mer Morte à l'Everest !)

Température

de -20°C à + 50°C

Dimensions

82 x 23 x 14 mm

Poids

environ 24g

Tension d'alimentation

de 4,4 V à 10V via le récepteur

Consommation

45 mA

Fréquences d'émission

16 canaux dans la bande 433 Mhz

Modes programmables

Délais d'annonce, zone de silence, sensibilité

Fonctions

Variomètre acoustique, annonce de l'altitude et de la tension, carnet de vol avec mémorisation des minimas / maximas

Prix

Environ 300 Euros seul et 400 Euros avec le Talkie Walkie

Options disponibles

Compensation de vitesse 50 Euros

Câble prolongateur d’interrupteur 30 Euros

Langues disponibles

Allemand et Anglais

 

 Le Picolario est livré dans un tout petit boîtier en ABS thermoformé, sur le dessus apparaissent les micros switch qui permettent de choisir le canal 433 Mhz ainsi qu'un petit interrupteur qui permet d'accéder aux fonctions programmation et carnet de vol. A noter qu'il est possible de déporter cet interrupteur au bout d'un câble pour les fuselages exigus. Le boîtier possède une face avant qui recevra le câble provenant du récepteur. Il sera fixé via un velcro ou bon vous semble. Ce boîtier rentre sans problèmes dans tous mes gros fuselages. Malgré sa petite taille, il faudra jongler pour l'installer dans des fuseaux modernes de F3B/ F3F/ F3J et 60 pouces. On utilisera à cet escient l'interrupteur déporté mais on perdra certainement la facilité d'accès.

La notice précise que ce matériel a été testé intensivement avec des récepteurs en 35 Mhz sans générer de perturbation. Personnellement je l'utilise en 41 et 72 Mhz sans aucun problème!

Allez, explicitons son fonctionnement.

Les fonctions disponibles

        A la mise sous tension, le système s'initialise: l'altitude du moment sera le zéro altimètre et il annoncera des variations d'altitude en mètre en plus ou en moins, ensuite il annonce la version du firmware et la tension courante de l’AQ.

Messages en anglais à l’initialisation: version 1.7 , altitude 0 mètres et tension 6.1 volts

La caractéristique principale, celle qui s'entend le plus au moins, est le variomètre acoustique. Donc suivant des seuils et une sensibilité qui sont réglables, j'en parlerai plus loin, le vario émet des BIP BIPs aigus lorsqu'il monte et un BOUOUPP grave lorsqu'il descend. Ces sons sont modulés en fonction du taux de chute, leur fréquence est de plus en plus aiguë dans une ascendance et de plus en plus grave dans une descendance.

La seconde fonction est la mesure de tension. Il annonce automatiquement les variations de tensions de 0,1V. Par exemple, à l’initialisation, il mesure et annonce 5,4 V ensuite dès que la tension passe à 5,3V il y aura une annonce et ainsi de suite.

Le Picolario est commandé normalement par une voie dédiée et idéalement par un interrupteur 3 positions sur la radio

En position 1 de l’interrupteur: C’est le mode silencieux, la fonction variomètre est coupée, seule l’annonce de la tension (tous les 0,1 V) est active. Il est surprenant d’entendre son pack chuter de plus de 0,5 V suite à des évolutions très rapides et de constater que la tension remonte doucement quand on calme le planeur. Et ceci avec des AQs de réception de qualité !

 En position 2 : C’est la fonction vario. Il émet des BIP BIPs ou BOOUP selon les mouvements du planeur.  La surveillance AQ est toujours active et en plus il y a une annonce vocale tous les 50 m d’altitude gagnés ou perdus : on décolle à 0 m, dés que le planeur passe 50m il y a une annonce , puis 100m et ainsi de suite. A noter que ceci fonctionne aussi en altitude négative !

En position 3 : C’est le mode interrogation. La tension AQ et l’altitude courante sont annoncées au moment de la bascule puis ensuite toutes les nn secondes (C’est programmable de 10 en 10 secondes) En plus toutes les fonctions du mode 2 sont actives. Une précision concernant la mesure d'altitude. Comme le zéro est fait un moment de la mise sous tension, une annonce de +50m par exemple signifie que le planeur est 50m au dessus du décollage, et ce quelque soit l"endroit ou on vole. Ce sont bien des variations d'altitudes qui sont mesurées et non une altitude absolue, ce qui demanderait un calibrage à chaque vol.

Installation dans mon Beethov de 3m60 : le Picolario est posé à plat à côté du servo de dérive

La programmation

Tout ceci en fait déjà un appareil très intéressant, qu’il est possible d’interroger ou de couper en l’air. Mais en plus il est programmable ! En maintenant le petit interrupteur enfoncé pendant l’initialisation, il est possible de régler :

        1) Le délais d’annonce  qui est le temps entre le moment où le planeur commence à monter (ou à descendre) et l’émission d’un signal sonore. Réglable entre 0,5 et 3,5 sec par pas de 0,1 sec. Le réglage d’usine est de 1 sec, personnellement, j’utilise entre 0,6 et 0,9 sec selon les conditions et surtout le planeur. Ceci permet d'exploiter un thermique déjà conséquent et évite de courir après tous les 'pets de lapins'.

        2) Le seuil de taux de chute négatif : C’est la Vz à partir de laquelle le vario émet le BOOUP fatidique ; On peut le régler de 0 m/sec (ça couine dés que l’on quitte la pompe : très fatiguant pour les oreilles) à -10 m/sec (à part un gros piqué, c’est silencieux !) Le réglage d’usine est de -0,2 m /sec qui peut correspondre pour un planeur très léger. J’utilise sur tous mes planeurs -1m/sec, ce qui me donne une zone de silence assez confortable et qui permet d’annoncer les dégueulantes.

        3) L’échelle acoustique : le Picolario dispose de 40 fréquences pour chaque sens (montée et descente), ces fréquences vont s’exprimer sur une plage de 2, 4, 8 ou 16 m/sec. Une petite plage sélectionnée rendra l’appareil plus nerveux et sensible mais ne fera pas la différence entre un +3 m/sec et un +10m/sec. Enfin il n’est pas interdit d’ouvrir les yeux en pilotant, hein, parce que du +10, ça se voit ! Le réglage par défaut est de 4 m/sec, il faudrait quasiment le régler à chaque vol : si les conditions sont faibles ou en plaine : 2 m/sec, si c’est très fort 8m, entre les deux  4m est un bon réglage. Franchement je ne vois pas bien à quoi peut servir la gamme 16 m/sec, elle est énorme!

        4) La fréquence des annonces vocales lorsque l’interrupteur de commande est en position 3 : de 0 à 60 secondes par pas de 10. J’utilise 20 secondes ce qui permet dans des thermiques très faibles de savoir si oui ou non on gagne de l’altitude. Dans ces conditions, le son est : « une fois tu montes, une fois tu descends » et il est bien utile de savoir que d’un tour à l’autre je suis passé de 43m à 45 m. (20 secondes correspondent à un  ’gros’ tour de spirale sur mes grands planeurs)

        Toute cette programmation s’effectue très facilement (même sur la pente sans la doc.) avec l’inter 3 positions que l’on utilise comme une souris pour naviguer dans un menu ou dans une liste d’options, les choix sont validés en appuyant sur le petit inter du boîtier. Avec les annonces vocales, on sait toujours exactement ou on se trouve dans la boucle des menus et quel paramètre on modifie. Impossible de se tromper donc.

Installation dans mon Foka 5 de 6m20 : le Picolario est posé verticalement sur une platine entre les karmans.

Le carnet de vol

Le Picolario mémorise les minimas et maximas de l’altitude atteinte, des Vz, de la tension ainsi que le temps de vol. On entre dans le carnet de vol au premier passage en position 3 pendant le vol. Ensuite le vol est mémorisé au sol, vario toujours allumé en appuyant une fois sur le petit interrupteur du boîtier. Il est possible de mémoriser ainsi 10 vols. Je n’utilise pas cette fonction mais elle peut être très utile pour des compétiteurs à l’entraînement : lancé mains, F3B ou F3J par exemple.

Maintenant que vous savez ce que sait faire la bête, voici plus particulièrement mon expérience d’utilisation du Picolario et quelques éléments de comparaison avec d’autres varios du commerce. Je parlerai surtout du système VAT 100/ VAM 200 que je connais pas mal et qui a comme caractéristique principale un prix largement inférieur à 150 Euros ! Sinon il existe aussi le Tek-Variometer qui est un variomètre compensé en vitesse. Il se présente sous la forme de plusieurs boîtiers (capteur, émetteur) et nécessite obligatoirement l’installation d’une prise de pression dans la dérive. C’est donc un système beaucoup moins compact et non amovible qui ne rendra pas les mêmes services que le Picolario.

Installation dans mon LS4 de 4m : le Picolario est monté verticalement sur une platine comme pour le Foka.

A l’usage

La compacité et l’extrême facilité d’utilisation de ce vario font que je l’utilise sur tous mes grands planeurs et quasiment à chaque vol, ne serait ce que pour surveiller la tension à bord. A ce sujet, comme il mesure la tension via le récepteur, il est compatible avec tous les systèmes de sécurité, doubleurs d’AQs et autres montages disponibles un peu partout. La contrainte est d’avoir une voie de libre à affecter au Picolario dans tous les planeurs.

La constatation immédiate dès les premiers vols est qu’il fonctionne impeccablement, que le planeur soit au dessus ou en dessous du pilote. Il est nécessaire de le régler en fonction de ses préférences et de la météo, mais ensuite je trouve la fonction vario très confortable et surtout très pertinente. Ceci est dû à la modulation du son et aux fonctions délais et réglage de sensibilité que le VAT ne possède pas. C’est cette information qui permet de centrer efficacement le thermique, quand le son s’accélère. En fait sauf en de très rares occasions, le vario ne me sert pas à trouver les pompes, par contre à bien les exploiter alors là oui ! Sans doute que mon expérience de libériste joue ici : la règle est la même, plus ça monte, plus il faut serrer la pompe!

Le fait de disposer de 16 canaux  fait qu’il est facile de faire cohabiter plusieurs appareils sur le même site de vol. Avec le VAT mono fréquence, le premier en l’air gagne !

Le module vocal est vraiment épatant. Sans lui impossible de surveiller efficacement la tension ou de faire un suivi de l’altitude ! En plus la voie féminine est très agréable et très intelligible sur ma version Anglaise.

Avec ce petit outil, je me suis vite rendu compte que les modélistes, et moi le premier, surestimaient énormément l’altitude de leur modèle, en général d’un facteur 2, ce qui n’est pas rien! Avec le Picolario, on dispose d’un outil de mesure qui permet par exemple de donner des chiffres FIABLES sur les propulsions électriques.

Un de mes ‘jeux ‘ favoris est, quand les conditions le permettent, de cumuler en le minimum de temps un gain maximal de 1500 ou 2000m tout en limitant le plafond à par exemple 300m. Ainsi pour un gain de 1500 m il faudra faire soit 5 montées de 300 m chacune ce qui est déjà très bien ou 15 de 100m ce qui demande de la persévérance et concentration ! Il est possible de varier les combinaisons, de servir de lièvre pour les copains derrière sans le vario…

Pour éclairer un peu plus sur l’utilisation de ce matériel, voici trois anecdotes ou le Picolario m’a très bien servi :

1)          Déficience d’un AQ de réception sur un 5m tout plastique : j’ai posé en catastrophe et sauvé le planeur. Sur ce vol, j’ai amorti mon matériel !

2)          Perte totale de contrôle sur un planeur à 250 m sol. Il a fait un piqué tout droit jusqu’au sol et a été entièrement détruit ! Le vario était muet pendant les quelques secondes du piqué ce qui m’a amené à conclure que j’ai eu une défaillance soit de l’AQ de réception, soit de l’interrupteur. Sinon j’aurais diagnostiqué un brouillage ou une défaillance du récepteur. A noter que sur ce crash mémorable, le vario a été simplement éjecté et n’a rien eu alors que tout le reste était broyé.

3)         Un grand planeur électrique, au trou, avec les AQs de propulsion vides, et en montagne ! J’ai repéré assez facilement une grosse pompe balisée par des vautours mais elle était extrêmement éloignée et visuellement je n’arrivais pas du tout à la centrer. C’est je crois la seule fois en trois ans ou j’ai aveuglément (c’est le mot)  écouté les indications du vario. Une fois le planeur remonté au niveau de l’horizon, le plus dur était fait et j’ai sauvé mon planeur.

        Ainsi mon Picolario m’a plus servi pour identifier des problèmes d’AQs que pour remonter des planeurs du trou ! C’est assez paradoxal pour un système dont la fonction première est d'être un vario mais je pense que c’est là son argument final par rapport à d’autres matériels : au plaisir et au confort des vols au quotidien, il ajoute un gros plus pour la sécurité de nos modèles.

    Au sujet des défauts ou disfonctionnements : en fait j’ai relevé très peu de problèmes. A propos je redis que je n’ai jamais eu le moindre top radio en utilisant ce matériel et que c’est vraiment en toute confiance que je l’installe dans mes nouveaux planeurs ou que je le prête à mes amis. Par contre, malgré le fait qu’il soit compensé en température, (ce qui veut dire que les composants électriques sont insensibles aux variations de température), j’ai remarqué lorsqu’il fait très chaud que l’annonce d’altitude est très optimiste. Ceci par contre ne perturbe pas les autres fonctions du vario.

Il arrive aussi qu’en mode 3 le vario sorte tout seul du mode annonce. Il faut le basculer en mode 1 puis de nouveau 3. Ce n’est pas très gênant et c’est normalement corrigé sur les dernières versions du firmware. Sur ce point, Thomas assure un service après vente de qualité et pour installer un nouveau firmware, il suffit de lui envoyer le vario.

Tous ces éléments prouvent ainsi la grande fiabilité de ce vario car j’ai fait plus de 300 vols avec.

La compensation de vitesse

            Cette option nécessite d’installer une prise de pression dans la dérive et permet de donner une information plus précise. Je n’ai pas testé cette option sur mon Picolario. Il est certain que celle-ci rendrait mon vario moins interchangeable sur tous mes planeurs mais dans une optique vol à voile pur, elle est forcément très utile. Dans cette configuration, le Picolario rentre en concurrence avec le Tek-Variometer qui est un peu moins cher mais qui ne parle pas !

            Pour ceux qui ne connaissent pas le principe, à la différence des varios classiques (on dit non compensés) qui indiquent une prise d’altitude sans tenir compte d’une éventuelle variation de vitesse, les varios compensés ou à énergie totale indiquent un gain ou une perte d’énergie du planeur. Typiquement, en faisant une ressource dans une dégueulante, un vario non compensé va dire qu’on monte, ce qui est exact et un vario compensé indiquera qu’on perd de l’énergie, ce qui est aussi exact! La différence c’est que la seconde information est plus pertinente !

Un Picolario avec un capteur de pression pour stab en T (le grand) et pour stab en V (le petit)

Un Picolario : pour qui ou pour quoi faire?

C’est souvent le thème qui revient sur la pente, passé le moment de curiosité que suscite l’appareil: c’est trop cher, c’est de la triche et ça ne sert à rien. Bon, moi je considère que le modélisme est un loisir et que chacun le pratique comme il le veut ! En réponse aux trois affirmations mentionnées plus haut :         

  1. C’est cher, oui, voire même très cher. Mais ce vario est fait pour être mis dans des machines encore plus chères et apporte un plus indéniable à la sécurité.
  2. C’est de la triche : alors là je ne vois pas bien pourquoi! Je ne l’utilise jamais lors des rares concours de durée précision auxquels je participe, pour le reste du temps je ne gène ou n’handicape personne ! Je connais même certains libéristes qui sont bien contents de me voir arriver sur mon site fétiche en Auvergne pour savoir s’il y a oui ou non du +3 devant ! Généralement, les râleurs sont les mêmes qui hurlent au loup quand ils découvrent une hélice devant mes planeurs . Décoincez vous les gars : c’est pour s’amuser !            
  3. Ca ne sert à rien: hé bien si vous le pensez toujours à la fin de cet article, c’est que je suis passé à côté de mon objectif principal !            

Personnellement je continuerai à voler en utilisant ce Picolario et si par malheur je le cassais ou le perdais, il est certain que j’en commanderai un nouveau !

 

            Pour avoir plus d’infos :

            www.thommys.com

            picolario@thommys.com

 

            Pour me joindre :

            05 62 79 26 90 après 20 h

            jean-luc.delort@wanadoo.fr

 

 

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